Qu’est-ce que le rétrofit électrique ?
Le rétrofit électrique, aussi appelé conversion électrique, consiste à transformer un véhicule thermique (essence ou diesel) en un véhicule 100 % électrique. Concrètement, cela signifie retirer les composants liés au moteur à combustion interne, comme le moteur et le réservoir de carburant, pour les remplacer par une motorisation électrique, une batterie et un contrôleur de puissance. C’est une manière innovante et durable d’inscrire des voitures existantes dans la transition écologique, sans recourir à l’achat d’un modèle neuf.
Ce concept, bien qu’encore émergent il y a quelques années, séduit aujourd’hui un public de plus en plus large : des passionnés de voiture ancienne aux entreprises souhaitant verdir leur flotte, en passant par des particuliers désireux de réduire leur empreinte carbone tout en conservant leur véhicule.
Pourquoi le rétrofit séduit-il autant ?
Le rétrofit électrique répond à plusieurs enjeux contemporains : environnement, économie et passion de l’automobile.
- Écologique : En réutilisant un châssis existant, le rétrofit limite la production de nouveaux véhicules et réduit l’empreinte carbone globale sur tout le cycle de vie automobile. Il permet aussi de diminuer drastiquement les émissions polluantes, notamment dans les centres-villes soumis à des restrictions de circulation.
- Économique : Un rétrofit est souvent moins coûteux que l’achat d’une voiture électrique neuve (hors aides à l’achat). En outre, les frais d’usage sont réduits : plus besoin de carburant, un entretien simplifié et une fiscalité souvent plus avantageuse.
- Préservation du patrimoine : Pour les amateurs de véhicules anciens, le rétrofit permet de conserver l’esthétique et l’âme de leur voiture tout en profitant de la fiabilité et de la modernité de l’électrique.
Un cadre légal désormais clarifié en France
Le rétrofit électrique a été officiellement reconnu en France depuis 2020. Le gouvernement a mis en place un cadre réglementaire qui encadre strictement cette pratique. Il s’agit de garantir la sécurité, la fiabilité et la conformité des véhicules convertis.
Chaque conversion doit être homologuée, généralement par le biais de centres agréés. La procédure inclut une série de contrôles techniques et la validation de la transformation par les autorités compétentes. Une fois validée, la carte grise du véhicule est mise à jour pour refléter la nouvelle motorisation (électrique).
De plus, certaines aides financières ont été mises en place pour soutenir le développement du rétrofit en France. L’État propose un bonus écologique pouvant aller jusqu’à 5 000 €, et certaines régions ou collectivités offrent des subventions supplémentaires.
Quels types de véhicules peuvent être rétrofités ?
La législation française autorise la conversion de tous les véhicules thermiques de plus de 5 ans. Cela inclut :
- Les voitures particulières (berlines, citadines, coupés, etc.)
- Les véhicules utilitaires légers (jusqu’à 3,5 tonnes)
- Les deux-roues motorisés (motos, scooters)
- Les bus et poids lourds (cas plus complexes et souvent réalisés sur mesure)
Cependant, tous les modèles ne sont pas forcément adaptés : les contraintes techniques varient selon le poids du véhicule, la disponibilité de kits de rétrofit homologués, ou encore la rentabilité à long terme. Certaines entreprises se spécialisent dans certains types ou marques de véhicules, allant de la Citroën 2CV à la Renault Kangoo, en passant par des Porsche classiques ou des utilitaires du BTP.
Combien coûte un rétrofit électrique ?
Le prix d’une conversion dépend du véhicule, de la complexité de l’intervention, de la taille de la batterie et des performances attendues. En moyenne, le coût d’un rétrofit pour une voiture particulière varie entre 10 000 et 20 000 euros.
Ce tarif peut sembler élevé, mais plusieurs facteurs viennent en moduler l’impact :
- Les aides financières (bonus écologique, prime à la conversion, subventions locales)
- Les économies réalisées sur le carburant et l’entretien
- La plus-value écologique et la valorisation d’un véhicule devenu propre et autorisé dans les ZFE
À noter : certaines sociétés proposent désormais des solutions à la location ou en leasing, réduisant le coût initial à payer pour les particuliers ou entreprises.
Quelles performances attendre d’un véhicule rétrofité ?
Un véhicule rétrofité offre généralement des performances comparables, voire supérieures, à celles d’un véhicule thermique équivalent. En supprimant le moteur à combustion, on gagne en fiabilité, en couple instantané (caractéristique des moteurs électriques) et en confort d’utilisation.
La vitesse maximale et l’autonomie dépendent du modèle et du kit électrique installé. En moyenne, les autonomies proposées varient entre 100 et 250 kilomètres, mais certains kits haut de gamme permettent de dépasser les 300 km. Cela rend ces véhicules adaptés aux usages urbains et péri-urbains, bien que moins pour les longs trajets autoroutiers fréquents.
Les entreprises françaises qui surfent sur la vague du rétrofit
Le marché du rétrofit est en pleine croissance, et plusieurs start-ups françaises ont investi ce créneau porteur. Parmi les pionniers, on retrouve :
- Transition-One : Spécialisée dans la conversion rapide et standardisée de petits véhicules urbains comme la Renault Twingo ou la Peugeot 206.
- Retrofuture : Connue pour ses conversions de véhicules classiques (comme la Citroën Méhari ou les Porsche anciennes) et de véhicules utilitaires.
- Phoenix Mobility : Ciblant principalement les flottes de véhicules utilitaires légers, compatibles avec une démarche écologique et économique des entreprises.
Ces acteurs développent leurs propres kits, parfois modulables, avec une stratégie de production industrialisée pour faire baisser les coûts et standardiser les interventions.
Une solution d’avenir durable ?
À mesure que les zones à faibles émissions (ZFE) se généralisent dans les grandes métropoles françaises, le rétrofit représente une réponse à la fois économique, écologique et pragmatique. Il permet de prolonger la durée de vie des véhicules en les adaptant aux normes environnementales actuelles, tout en évitant la surconsommation de matières nécessaires à la production d’un véhicule neuf.
Ce marché en pleine structuration reste toutefois confronté à plusieurs défis : réduire les coûts, industrialiser les processus de transformation, adapter la chaîne d’homologation et améliorer la disponibilité des kits et composants. Mais l’intérêt croissant des constructeurs, des pouvoirs publics et du grand public montre qu’on assiste peut-être à un tournant stratégique dans le monde automobile.
Alors que la transition énergétique s’accélère, le rétrofit électrique s’impose comme une alternative crédible pour rouler propre, sans tout changer.
